La question des inégalités socio-économiques, de ses formes et de ses mécanismes apparaît d’une actualité brûlante dans une Guyane où les fractures sociales sont exacerbées. En effet, en 2011 selon l’INSEE, il s’agit du territoire français où les contribuables qui payent l’Impôt Sur la Fortune (ISF), sont en moyenne les plus riches de France. A l’opposé, la Guyane est le territoire français qui compte le plus de pauvres avec plus de 60% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Ces inégalités criantes se superposent à une stratification éthnique et géographique. La plupart des habitants de l’intérieur du territoire sont noirs marrons ou amérindiens et ils composent, avec les étrangers de dernière génération (Surinamais, Brésiliens, Haïtiens), la partie la plus précaire de la population vivant en Guyane (Carde, 2009). Au contraire, les habitants du littoral, notamment ceux de l’île de Cayenne ont en moyenne des ressources économiques supérieures. Bien que le processus de créolisation (Glissant, 2009) ne soit pas interrompu, l’idée de «communauté» édifie encore des frontières entre les groupes. Ces tensions économiques et géographiques se combinent à des inégalités de genre. En 2014 selon l’INSEE, l’écart entre le taux de chômage des femmes et des hommes de Guyane est le plus élevé de France. Et lorsqu’elles ont accès à l’emploi, les femmes sont moins nombreuses à occuper des postes à responsabilité à haut niveau de rémunération et à forte reconnaissance sociale. Ainsi, établir pour la première fois une cartographie dynamique des disparités socio-économiques multiformes du territoire français d’Amérique du Sud relève de l’intérêt général.
Inégalités socio-économiques en Guyane
Université des Antilles - SCHOELCHER - 2020