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Le coût de financement des entreprises et ses conséquences durables sur les carrières

COUFINE
Notre projet de recherche s’inscrit dans le cadre d’une littérature encore limitée mais en développement qui cherche à relier la finance à l’économie du travail. Nous souhaitons étudier la manière dont les conditions de financement des entreprises, et leurs variations, affecte la composition de l’emploi à court terme, mais aussi les conséquences de long terme pour les salariés concernés. Un effort de recherche a déjà été consacré à l’impact sur l’emploi des chocs financiers négatifs (par exemple Boeri, Garibaldi et Moen, 2012). Notre projet concerne les chocs financiers positifs. La théorie financière prédit que les secteurs connaissant des conditions de financement particulièrement/excessivement favorables se développent plus rapidement. Il est improbable que ce développement se fasse sans affecter la composition de l’emploi au sein de l’économie. Conséquemment, les salariés touchés par cette recomposition développent des compétences professionnelles propres à ces secteurs. Que deviennent ces personnes lorsque ces conditions financières favorables disparaissent ? La crise du secteur de la construction en Espagne fournit un exemple extrême du mécanisme que nous souhaitons mettre en lumière à l’échelle microéconomique. La bulle immobilière espagnole est essentiellement une bulle issue du secteur financier. Elle a, en revanche, conduit des centaines de milliers de jeunes espagnols (et immigrés) à débuter leur carrière dans le secteur de la construction et à développer un ensemble de compétences qui semble aujourd’hui inadapté. Pour réaliser ce projet, nous avons besoin de séries longitudinales sur les entreprises et les salariés. Dans un premier temps, nous souhaitons étudier la réaction, en termes d’embauches, des entreprises profitant de conditions financières temporairement favorables. Quel est l’effet sur l’emploi, et surtout quel type de salariés recrutent-elles : des jeunes sans expérience ou les travailleurs d’autres secteurs ? Cette première étape requiert des données de panel sur les entreprises. Dans un second temps, nous souhaitons observer le devenir de ces salariés après la disparition de ces conditions favorables. Nous suspectons que, parce qu’ils ont développés des compétences peu adaptées, les salariés seront durablement affectés dans leur carrière. Une seconde hypothèse serait que les préférences de ces personnes soient modifiées : par exemple qu’ils se montrent désormais plus prudents dans leurs choix d’emploi. Nous souhaitons enfin regarder les conditions dans lesquelles s’opèrent, à court terme, leur transition d’un secteur à un autre. Cette analyse requiert de pouvoir suivre un salarié pendant plusieurs années après qu’il ait quitté son employeur initial. Pour cette raison, nous ne pouvons utiliser les données publiques traditionnelles. L’Enquête Emploi de l’INSEE ne suit les personnes que durant 18 mois. Les panels américains (PSID, NLSY) suivent les individus très longtemps, mais ne comprennent que quelques milliers d’individus et ne sont donc pas exploitables pour notre projet.