Accès aux données et Covid-19 : Et à l’étranger comment ça se passe ?

Partout où les lieux de travail ont été fermés pour cause de pandémie Covid-19 s’est posé, pour les chercheurs, qui travaillent sur des données confidentielles le problème de leur accès. En France comme à l’étranger, les centres sécurisés en charge de l’accès à ces données se sont mobilisés pour maintenir leur service pour les utilisateurs avec deux préoccupations, la continuité de l’accès et la sécurité.

Pour en savoir plus sur les mesures prises :

La continuité de l’accès aux données confidentielles pour la recherche est d’autant plus nécessaires que certaines sont mobilisables immédiatement pour comprendre la maladie, l’évolution de la pandémie et son impact. Les difficultés rencontrées sont cependant inégales, dépendantes tant des modalités techniques de l’accès pour les utilisateurs que du système et des procédures d’autorisation dans chaque pays.

Pour les accès autorisés uniquement sur site dans des salles dédiées du type safe room, la fermeture des bâtiments et/ou les restrictions en matière de transport pendant la période de confinement se traduisent immédiatement par la fermeture de l’accès et seules des solutions dégradées (fichiers moins détaillés, remote execution ne permettant pas l’accès direct aux données) sont possibles, lorsqu’elles existent. C’est le cas par exemple pour les accès sur site à Luxembourg pour les données européennes très détaillées, à Ann Arbor aux Etats-Unis pour les données les plus sensibles qui ne sont disponibles que sur le site même de l’ICPSR ou à Luxembourg pour les données européennes très détaillées. C’est le cas également pour les données allemandes les plus détaillées d’IAB (Institute for Employment Research) qui ne peuvent être accessibles que depuis des serveurs d’accès installés dans la safe room à Nuremberg ou dans celles des centres partenaires comme le GESIS (Leibniz Institute for the Social Sciences) en Allemagne ou le CASD pour la France.

Les solutions sont au contraire possibles lorsque l’accès à distance se fait depuis des équipements individuels facilement mobiles comme c’est le cas pour le centre sécurisé de l’institut national de statistique aux Pays-Bas, CBS, ou pour l’ICPSR aux Etats- Unis en ce qui concerne les données accessibles en accès sécurisé à distance. Une solution technique via le relais du VPN sécurisé de l’institution de rattachement du chercheur a également pu être mise en œuvre dans le cas du SRS, le centre sécurisé de l’ONS (Office for National Statistics) et dans celui du UKDS (UK Data Service) au Royaume-Uni pour les données autres que celles de l’ONS. Une telle solution via le VPN a également été mise en place par Eurostat pour l’accès aux Scientific Use Files (quasi anonymisés) qui peuvent ainsi être télechargés par les utilisateurs depuis leur domicile moyennant autorisation (https://ec.europa.eu/eurostat/web/microdata/overview, « annoucement » au-dessous de la page).

La question essentielle qui se pose alors est celle de l’autorisation donnée ou pas par les autorités compétentes (producteurs de données et/ou autorités spécifiques) pour un accès depuis le domicile de l’utilisateur en lieu et place de l’accès depuis une université ou un centre de recherche. Dans les trois exemples cités, cela a été autorisé, soit que ce soit possible en régime normal (CBS), soit qu’une autorisation exceptionnelle pour la période de confinement, avec signature d’un engagement spécifique, ait été donnée comme cela est actuellement le cas au Royaume-Uni pour le SRS de l’ONS et le UKDS. Dans le cas de l’ONS, des accords au cas par cas, fonction de l’utilité publique du projet et de son urgence, sont également possibles pour les chercheurs ne relevant pas d’une institution ayant en place des accords avec l’ONS et qui devaient se déplacer en temps normal sur les sites du centre sécurisé.

Cela a nécessité une mobilisation très forte des équipes de ces centres pour assurer dans ces circonstances inédites et difficiles, le service, notamment la relation avec les utilisateurs, les imports et le contrôle des sorties et l’enrôlement pour les nouveaux projets qui peut requérir des aménagements spécifiques qu’il se fasse sur site ou par visio-conférence.